Les questions qui gravitent autour de l’Accueil du Temps Libre sont le reflet des enjeux qui couvrent toutes les sphères de la vie. Malgré des lois et conventions internationales qui assurent le droit de participer librement à la vie culturelle et artistique et le principe d’égalité entre toutes et tous dans la participation à la vie culturelle, récréative, aux loisirs et aux sports, le constat sur le terrain est plus amer. Focus sur le secteur du handicap.

Des bulles indispensable pour les familles

Les temps d’Accueil Temps Libre sont essentiels pour les enfants et les jeunes en situation de handicap comme pour tou·te·s les autres. Ils constituent de précieuses bulles d’air où l’on peut sortir de ses habitudes, parfois de l’hébergement et encadrement spécialisés, rencontrer d’autres personnes, développer de nouvelles compétences, l’autonomie, mais aussi s’épanouir. Pour ces jeunes et leurs parents, l’accueil qui s’organise autour du temps libre constitue une forme de répit extrêmement précieuse, tant la conciliation entre la vie professionnelle, familiale, sociale et l’accompagnement de leur enfant en situation de handicap relève la plupart du temps du casse-tête. Pourtant, l’offre adaptée ne suit pas et est, la plupart du temps, le fait d’initiatives privées. Le coût constitue un frein indéniable pour ces familles dont on sait que les dépenses sont conséquentes en termes de soins de santé, de scolarité, d’hébergement, d’encadrement, etc. Le cruel manque d’offres d’accueil du temps libre accessible complexifie la gestion familiale, qui reviendra la plupart du temps aux femmes (et tout particulièrement en cas de familles monoparentales). Cette gestion constitue souvent une véritable source d’angoisse pour les parents qui luttent déjà toute l’année pour offrir à leur enfant le meilleur environnement possible, alors même que la pénurie est à tous les étages : les places dans des écoles qui pratiquent l’inclusion, les places en centres d’accueil de jour et/ou d’hébergement et le vide criant d’offre extrascolaire soit inclusive, soit adaptée [1] .

La vision de l’accueil du temps libre telle que défendue à l’ASPH — Association Socialiste de la Personne Handicapée — est centrée autour de la notion du choix. Ainsi, dès le plus jeune âge, et quel que soit le handicap ou le besoin spécifique rencontré, les enfants, les jeunes et leurs parents doivent jouir de la liberté du choix des activités qui rythment leur temps libre, dans une offre diversifiée et inclusive. Au programme : des activités variées, en résidentiel ou non, et accessibles tant financièrement que géographiquement. Les activités extrascolaires constituent des leviers incontournables pour développer l’esprit de mixité, d’ouverture et de solidarité tel que l’inclusion le défend.

Quelques pistes pour un ATL plus inclusif

Comment améliorer l’accueil du temps libre pour nos publics ? Plusieurs chantiers sont à explorer. Citons par exemple la nécessité absolue d’élargir les espaces et les offres déjà existantes, mais aussi l’application d’une approche moins séparatiste des publics concernés par l’accueil du temps libre. Comment permettre aux enfants et aux jeunes en situation de handicap de prendre pleinement part à des activités qui devront être adaptées pour les inclure ? Cela implique de rendre ces activités accessibles, de former les encadrantes et encadrants et de faire évoluer le regard et les représentations posées sur le handicap. Par ailleurs, l’inclusion est un des leviers permettant la pleine participation aux activités temps libre, mais certainement pas le seul : il existe une réelle demande et un besoin, notamment de la part des parents, de renforcer l’offre accueil du temps libre pour des publics spécifiques. En effet, certains handicaps et besoins spécifiques doivent faire l’objet d’une approche adaptée qui nécessite par exemple un encadrement et des compétences qui ne sont pas réalistes dans l’offre dite classique.

La prise en compte du temps libre des enfants et des jeunes en situation de handicap ne peut pas être pensée comme un détail : il s’agit d’un maillon incontournable de leur quotidien, déjà freiné par une société pensée par et pour des personnes valides. Il est difficile de deviner un besoin que nous n’avons pas. Nous plaidons donc pour une concertation active avec les actrices et acteurs déjà implanté·e·s sur le terrain, mais aussi avec les associations, les familles… Et les communes. En effet, assurer une distance la plus réduite possible entre le lieu de vie et les lieux d’accueil du temps libre est une composante essentielle pour les familles, concernées par le handicap ou non. Pour cela, l’ASPH plaide notamment pour inscrire l’accueil du temps libre à l’agenda des communes qui se sont engagées dans la charte communale d’inclusion des personnes en situation de handicap et son label Handycity®, qui rythme les mandatures communales. Il s’agit d’ailleurs d’une des priorités de la charte.

Plus d’infos : www.asph.be

[1] Inclusive : les jeunes en situation de handicap fréquentent les mêmes lieux extrascolaires que les autres enfants, moyennant souvent des aménagements sur place, une prise en charge, etc.

Adaptée : L’offre adaptée se concentre spécifiquement sur le fait d’accueillir des personnes en situation de handicap, de manière 100 % accessible et c’est une offre qui ne concerne donc que des personnes en situation de handicap, en mode « sur mesure ».

Ouiam MassaoudiAuteur
Manon CoolsAutrice