Telle était la question posée à la Maison Losseau de Mons par le PAC (Présence et Action Culturelles) et les FPS de la région Mons-Borinage, lors de la conférence du 18 février dernier dans le cadre du cycle Toutes Soeurcières.
À Mons, ville où le folklore est bien présent, la Ducasse fait partie des chefs d’œuvre du Patrimoine oral et immatériel reconnus par l’UNESCO. Qui ne connaît pas le Doudou et le combat de Saint-Georges contre le dragon ? Mais ce rituel ancestral du combat regroupant en grande majorité des personnages traditionnels masculins laisse très peu de place aux femmes tant au cœur de l’arène où a lieu le spectacle qu’au sein des groupes de spectatrices·teurs. En effet, durant tout le combat, l’activité physique qui consiste à arracher du crin de la queue du dragon pour porter chance est presque totalement réservée à un public d’hommes.
Un patrimoine macho ?
Madame Depraetere, représentante du secteur de l’Ethnologie et du Patrimoine oral et immatériel de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), nous l’a confirmé lors de la conférence : « oui, ce patrimoine est bien macho ! Pour deux raisons principales : les exploits relatés dans les mises en scène des folklores sont considérés comme masculins et les femmes n’identifient pas suffisamment leur savoir-faire et leurs traditions comme des éléments de patrimoine à part entière. Aussi, parmi les 42 activités reconnues comme Patrimoine immatériel sur le territoire de la FWB, 22 excluent les femmes et aucune ne met en valeur les pratiques ancestrales de femmes ! Le folklore est bel et bien un bastion de résistance face aux mutations de la société ».
Une évolution vers la mixité
À la Ducasse, le groupe de citoyennes Les CulottéEs tentent depuis quatre ans de se faire une petite place au sein des groupes des spectateurs mâles et vont « à la corde » comme eux pour prendre le crin. Geneviève Isaac, fondatrice des CulottéEs, en avait marre de rester passivement derrière, avec les autres femmes qui attendent les hommes et gardent les sacs ! Malgré certaines réticences, parfois violentes, de quelques hommes, Les CulottéEs ont réussi à s’imposer et à faire quelque peu évoluer les mentalités pour plus de mixité. Depuis 2015, en FWB, une attention plus grande est portée aux critères liés au respect de l’égalité de genre. L’application des droits culturels égaux requiert que les femmes et les filles puissent accéder, participer et contribuer à tous les aspects de la vie culturelle de la même façon que les hommes et les garçons. « Montrer des personnages héroïques féminins et des femmes dans des positions de conquérantes qui puissent servir de modèles aux générations futures fera évoluer la tradition dans le bon sens », affirme madame Depraetere. À Fosses-la-Ville, l’évolution est en marche : lors de la fête de la Saint[1]Feuillen de 2019, une femme a pris la place de tambour-major pour la première fois ! Alors, à quand des femmes dans le costume du Gille de Binche ?
Malgré la crise sanitaire, le cycle Toutes soeurcières continue au travers d’ateliers d’écriture et vous réserve d’autres surprises. Plus d’infos sur la page Facebook https:// www.facebook.com/ToutesSoeurcieres/