Annette Ledoux, militante au comité local de Philippeville et membre de la troupe Soralia de théâtre-action «Les filles de Lilith»

«J’avais des idées féministes dès mon adolescence, puis suite à des événements personnels, elles ont été occultées. Lors de ma carrière professionnelle dans le domaine de l’entretien des parcs et jardins, un métier plutôt masculin, cela s’est ravivé, car j’ai été victime de nombreux préjugés en exerçant ce métier. C’est d’abord la thématique des violences faites aux femmes qui m’a mobilisée et m’a permis de militer, car c’était important pour moi d’être aux côtés des femmes qui vivent des choses difficiles et de les soutenir. Petit à petit, je me suis rapprochée de Soralia et c’est en participant aux activités sur des thématiques différentes que j’ai commencé à être de plus en plus sensibilisée et à me sentir légitime de me positionner clairement en tant que féministe. J’ai pris confiance en moi, j’ai pris conscience de nombreuses inégalités, je me suis émancipée. J’ai d’ailleurs élevé ma dernière fille différemment, avec cette envie de transmettre des valeurs féministes. Aujourd’hui, je me sens capable d’avancer des arguments en faveur des femmes dans une discussion, car en parler c’est important pour faire prendre conscience des inégalités. Je continue à transmettre ce féminisme à ma petite fille en lui disant de ne jamais se laisser faire!»

Marie Beneux, travailleuse en école de promotion sociale Soralia et membre du groupe à projets Be Cause Toujours à Liège

«Quelque chose me dérangeait déjà, petite, quand mes cousins m’empêchaient moi et ma sœur de jouer avec eux et que ma grand-mère répondait à nos plaintes en disant “ben oui, mais ce sont des garçons!”.

Quelque chose me dérangeait déjà en cour de récréation quand je voulais jouer au football et que les garçons disaient que je ne pouvais pas parce que j’étais une fille. Ici encore, l’adulte ne réagissait pas.

Et puis, je rencontre un jour un compagnon qui a baigné dans le féminisme, qui me considère à part entière et comme son égale. Merci à sa maman qui a milité dans sa propre famille!

J’ai ainsi commencé à travailler aux Femmes Prévoyantes Socialistes [désormais Soralia, NDLR]. Et je m’y sentais valorisée dans les thèmes comme l’émancipation des femmes, la lutte contre l’exclusion, le militantisme pour l’égalité entre hommes et femmes. Non, mon vécu d’enfant n’était pas NORMAL!

Mais le féminisme n’est pas vécu au quotidien par mon entourage, mes élèves, mes collègues… C’est même parfois tabou de parler de féminisme. Nombre de témoignages d’inégalités me heurtent encore. Je me suis alors engagée plus profondément dans ces valeurs féministes en créant avec quelques personnes un groupe féministe. Ce groupe souhaite défendre dans l’espace public ces valeurs via des sensibilisations, des rencontres, des discussions et des actions. Enfin, j’y trouve un sens. Enfin, moi, l’adulte, la femme, je vais agir et réagir.

Le féminisme est un COMBAT et une lutte au quotidien. Le féminisme, c’est un constat; c’est une colère; c’est une énergie de l’action. Je suis l’égale de l’homme et je veux cette égalité dans ma vie et dans celles de mes enfants. Je continuerai encore et encore et encore et encore à militer pour MON féminisme.»

Jacqueline Barzin, militante au comité local Soralia de Spa

«Quelques réflexions féministes. Je suis la moitié de tout, pas la moitié d’un homme! Soyons la moitié partout où se prennent les décisions. Nous y sommes presque arrivées dans notre société.

Pourtant récemment — le ciel s’est assombri dans certains pays dits démocratiques où par exemple la loi sur l’avortement se trouve menacée — le ciel est carrément noir dans certains pays du monde où être une femme se résume à être un instrument de procréation condamnée à l’ignorance et interdite de culture! Je suis cependant confiante tout en étant méfiante de l’avenir. Les 20e et 21e siècles ont été marqués par des progrès fulgurants en matière d’égalité. Nous ne pouvons faire marche arrière! Continuons de lutter! Le chemin est encore long, mais nous en verrons le bout!»

Margot Buisseret, animatrice Soralia Mons-Borinage & Wallonie picarde 

«Il est difficile de résumer en quelques lignes tout ce que la découverte du féminisme a changé dans ma vie. Féministe dans l’âme depuis le plus jeune âge sans même le savoir, le féminisme m’a rassurée, m’a réveillée, m’a animée. Rassurée sur le fait que ce n’était pas moi qui étais en décalage avec le monde qui m’entourait, mais bien celui-ci qui mettait à mal des millions d’humains.

Réveillée de mon sentiment d’impuissance qui a fait place à celui d’appartenance, car oui, nous sommes légion. L’idée d’imaginer des millions d’autres personnes dans cette même quête d’égalité me donne du courage. Animée d’une volonté d’agir sur le monde qui m’entoure, le féminisme a été pour moi libérateur.»

Claudette Dufranne-Fiori, présidente du comité local Soralia de Schaerbeek

«J’ai l’impression d’avoir toujours défendu l’égalité hommes-femmes surtout de par mon métier d’infirmière qui reste très féminin. Je désire davantage d’égalité dans les métiers, qu’il n’y ait plus de différences entre les métiers “hommes” et les métiers “femmes”. Le problème du patriarcat est la mainmise de tous les postes à responsabilité par des hommes.

S’engager dans le mouvement et être féministe m’a permis de prendre de l’assurance, cela m’a aidé à m’affirmer en tant que femme, de pouvoir revendiquer et de me défendre notamment au niveau du travail vis-à-vis d’un directeur homme. Mon vécu avec un pervers narcissique m’a davantage motivée.»

Colette Marchal, membre de la troupe de théâtre-action Soralia des « Sans poids ni loi » (Centre et Soignies)

« Une enfance heureuse, un mariage de rêve pendant trois décennies… Puis la grande faucheuse décide de vous enlever tous les espoirs que l’avenir sera toujours aussi paisible. Je me réveille un lendemain avec tous les soucis du quotidien auxquels je n’ai jamais été confrontée. Je pleure devant tant de tracas à continuer seule. Les jours passent et je rencontre des groupes, des activités, des sorties entre “grandes dames”, j’insiste sur ce terme ! Moi qui n’ai connu que ma zone de confort, je constate avec effroi qu’autour de moi, des filles, des mamans, des épouses ; pour échapper à des déchirements, des maltraitances, des viols ; sont des guerrières pour retrouver leur dignité de vivre une féminité plus qu’honorable. C’est vous mes amies qui m’avez ouvert les yeux, qui m’avez fait connaître un féminisme hors du commun. Vous qui bataillez chaque jour pour un “meilleur”, j’ai rejoint votre cause. C’est moi qui vous dis merci et je vous adresse mes plus profonds respects. »