À deux ans des élections, dans une société en pleine mutation et dans un contexte de crises, nous avons récolté la parole des grand·e·s actrices et acteurs de la gauche. Qu’identifient-elles·ils comme défis et enjeux? Quelles lignes tracent-elles·ils pour notre secteur? Quel horizon pour notre Mouvement? Regards croisés et paroles fortes.    

Pour Jean-Pascal Labille, Secrétaire général de Solidaris

« L’heure est à l’unité et aux convictions. J’identifie trois priorités :

Nous devons retrouver de la radicalité, une nouvelle forme de conflictualité positive. Notre système politique belge est certes fondé sur le compromis, mais aujourd’hui, je pense que nous ne devons pas craindre de nous interroger sur les limites de celui-ci et de proposer une alternative démocratique narrative. La radicalité, la vraie, la seule c’est de canaliser la colère et de la transformer en dignité de la vie, en plaisirs et en jours heureux.

Nous devons viser une reconquête idéologique. En sommes-nous encore à corriger les méfaits et dérives de système ou en sommes-nous à changer le système, à changer de base ? Le moment est venu d’imposer des lignes rouges, claires, transparentes, infranchissables en matière de fiscalité, mais aussi par rapport aux conditions de travail (salaire minimum), au financement des services publics, à l’accessibilité des soins de santé, à la création d’emplois durables et de qualité. Nous devons constamment penser la société, appréhender les fleuves souterrains qui la formatent. L’hégémonie culturelle, ni plus, ni moins !

Et enfin, la convergence des luttes sociales, écologiques, antiraciste, des luttes pour l’égalité femmes-hommes et des luttes démocratiques pour l’État de droit. Un mouvement social puissant qui repolitisera la société. »

Pour Sarah de Liamchine, Co-directrice de PAC et Présidente de Solidaris Wallonie

« Aujourd’hui, la lutte sociale est aussi, pleinement, la lutte écologique. Ensemble, nous devons porter et défendre un autre modèle de société à la croisée des enjeux sociaux et écologiques.

Nous devons défendre une société écosocialiste qui n’abandonne pas les classes moyennes et les plus précaires et qui ne fait pas peser sur elles·eux le coût de la transformation sociale. Construire une société écosocialiste, c’est rompre radicalement avec la logique capitaliste.

La question n’est pas de savoir si nous aurons encore des sécheresses en été ou si nous connaitrons des inondations dévastatrices, mais quand elles auront lieu et comment protéger les populations les plus exposées, qui sont aussi les plus précaires. La question n’est pas de savoir si nous connaitrons d’autres zoonoses menant à des pandémies, mais plutôt de se demander ce que nous avons appris de la précédente pour mieux gérer la prochaine.

Enfin, la question n’est pas de savoir si nos enfants et petits-enfants vivront mieux que nous. Car il est certain qu’ils devront faire face à tous ces dérèglements. Par contre, nous avons le devoir moral envers eux de changer, radicalement et profondément notre modèle de société.

Comme pour les droits sociaux jadis, nous socialistes devons montrer une voie ambitieuse, solidaire et portée par un État régulateur, des services publics solides et des corps intermédiaires forts. »

Pour Christie Morreale, Vice-Présdente et ministre de l’Emploi, de la Formation, de la Santé, de l’Action sociale, de l’Égalité des chances et des Droits des femmes

« À la lumière de l’Histoire, des nombreux combats menés et des quelques victoires arrachées, il est parfois tentant de se dire que nous y sommes arrivées. Pourtant, bien qu’inscrite dans la loi, l’égalité entre les femmes et les hommes est loin d’être effective. Le travail est encore long pour parvenir à modifier des comportements et des façons de penser ancré·e·s en nous depuis toujours.

Ce changement, particulièrement difficile, nécessite notre continuelle vigilance. Les combats féministes, vos combats, nos combats, passés et présents sont d’une remarquable constance. Ils sont la preuve que l’égalité n’a jamais été atteinte et qu’elle sera toujours à défendre.

Depuis 100 ans, les FPS, dorénavant Soralia, n’ont cessé de questionner et de progressivement transformer les structures patriarcales de notre société. Cet anniversaire est l’occasion parfaite de rendre hommage aux militantes et travailleuses des FPS qui ont fait partie de l’Histoire du féminisme belge. »

Pour Véronique Wemaere, Directrice de Solsoc

« Solsoc, soutient les luttes en faveur des droits humains et en faveur d’un accès universel à leur réalisation. Elle le fait en partenariat avec d’autres organisations en Afrique, en Amérique latine, en Palestine et en Belgique, qui représentent et font entendre les voix des plus précarisé·e·s, des plus discriminé·e·s. Concrètement, notre stratégie consiste à mettre en réseau des organisations de la société civile et à renforcer les capacités de mouvements sociaux. Elle se fonde sur l’approche de l’éducation populaire portée par les valeurs d’humanisme, de laïcité et d’émancipation.

Face à la mondialisation, source de multiples crises, qu’elles soient sociales, économiques, politiques, climatiques ou sanitaires ; face à la mondialisation qui met en concurrence les travailleurs et travailleuses de tous pays, qui détricote la protection sociale, qui engendre l’extrême pauvreté et accentue gravement les inégalités, il est plus que nécessaire de renforcer la solidarité internationale. »

Autrice
AutriceNoémie Van Erps