Dans son rapport sur la participation politique et civique des femmes, le Réseau européen pour l’Afrique centrale (EurAc), dont l’ONG Solsoc est membre, analyse les défis liés à l’égalité des genres en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda. Cet outil de plaidoyer vise une approche européenne transversale des normes et pratiques sociétales inégalitaires profondément enracinées. Focus sur la République démocratique du Congo.

Égalité et autonomie des femmes : un objectif prioritaire européen

L’égalité des genres et la pleine jouissance des femmes de leurs droits humains au même titre que les hommes sont des conditions essentielles à la pleine réalisation d’un développement équitable et durable. L’Union européenne (UE) et les pays européens font de l’égalité des sexes l’un de leurs objectifs prioritaires de coopération. Reste à voir ce que ces stratégies de coopération donnent sur le terrain en RDC. Très peu de femmes politiques en RDC Peu de femmes candidates et peu de femmes élues : la RDC occupe la 165e place en terme de représentativité politique des femmes avec seulement 11,7% de candidates aux présidentielles de 2018. Ce problème a souvent été dénoncé par la société civile congolaise et les attentes liées à la représentativité des femmes lors de la formation du nouveau gouvernement en 2019 étaient importantes. Malgré une amélioration notable, les femmes ne représentent pas plus de 17 % du gouvernement actuel. On est encore loin de la parité. La loi électorale congolaise stipule bien que chaque liste électorale doit être établie «  en tenant compte de la représentation des femmes  », mais aussi que «  la non-représentation des femmes ne constitue pas un motif d’irrecevabilité d’une liste ». En d’autres termes : pas de mesures concrètes ni de contraintes. On retrouve également des inégalités au sein de la société civile. Si les femmes congolaises y sont très représentées, elles le sont nettement moins dans les instances décisionnelles et rarement à des postes de prise de décisions des organisations.

S’attaquer à la racine plutôt qu’aux symptômes

Les défis de l’autonomisation économique des femmes, les enjeux liés à la santé maternelle et reproductive, ainsi que les violences basées sur le genre sont relevés par les différentes études et stratégies de promotion de la participation effective des femmes. Mais ce sont là les conséquences des normes genrées stéréotypées profondément ancrées, tout comme la participation politique et civique inégalitaire. L’Union européenne a tendance à se Publication des Femmes Prévoyantes Socialistes 24. 25. Publication des Femmes Prévoyantes Socialistes © SOLSOC focaliser en RDC sur le traitement des problèmes plutôt que sur les causes profondes. Un travail essentiel est nécessaire sur les normes socioculturelles et les comportements qui favorisent les inégalités femmes-hommes. On parle de  gender mainstreaming : une approche pour renforcer l’égalité des femmes et des hommes, en intégrant la dimension de genre à tous les niveaux de la société. Cette approche est encore sous-exploitée. La Belgique considère que la mise en œuvre du gender mainstreaming dans le cadre de sa coopération au niveau global est un élément clé pour modifier en profondeur les structures inégalitaires de la société. Cela étant, la promotion de la participation politique et civique des femmes n’a pas été priorisée, car la Belgique s’est davantage focalisée sur la santé maternelle et reproductive ainsi que sur les violences basées sur le genre.

L’UE et ses États membres doivent prendre action

EurAc est un réseau de 36 ONG européennes qui soutiennent la société civile au Burundi, en RDC et au Rwanda pour la promotion de la paix, du développement et de la défense des droits humains. Dans ce cadre, EurAc mène un plaidoyer auprès de l’UE afin d’assurer un engagement solide, cohérent et durable de celle-ci et de ses États membres. Pour atteindre les objectifs de l’UE, EurAc estime entre autres que les États membres devraient s’engager fortement dans le développement d’une stratégie genre en RDC, s’assurer de sa mise en œuvre coordonnée, appuyer le Rwanda dans la mise à jour de sa Politique nationale genre et de son plan d’action. Il faut également promouvoir le changement de la culture institutionnelle au niveau des bailleurs européens pour que l’égalité des genres soit intégrée dans leurs actions extérieures.

Cet article s’inspire de l’analyse EurAc « Promotion de l’égalité des genres : la rhétorique européenne à l’épreuve des faits » disponible en ligne. 

Solsoc est une organisation non gouvernementale (ONG) de coopération au développement. Avec des organisations du Sud, elle combat l’exclusion et les inégalités en Bolivie, au Burkina Faso, au Burundi, en Colombie, au Maroc, en Palestine, au Sénégal et en République Démocratique du Congo ainsi qu’en Belgique. Leur objectif commun est de contribuer à la construction d’un monde plus juste et plus démocratique.

Plus d’infos : www.solsoc.be

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Stéphanie LecharlierAutrice
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AutriceSolsoc