S’il est encore un secteur qui ne tient pas suffisamment compte des spécificités de genre et de sexe, c’est celui de la santé. De la prise en charge en passant par le diagnostic, de la pathologie au suivi de soins ; les femmes et les minorités sexuelles [1] doivent faire face à de trop nombreux obstacles, inégalités et stéréotypes de genre. De tout temps, le corps des femmes a fait tantôt l’objet de méfiance et d’une volonté de contrôle, tantôt l’objet d’incompréhension ou de désintérêt. À l’origine? Des pratiques médicales trop souvent empreintes d’un héritage patriarcal, produisant des effets dramatiques sur la santé des femmes.
Une campagne pour interpeller le grand public
La méconnaissance des symptômes différents entre hommes et femmes, et le peu d’intérêt pour le fonctionnement des autres corps en dehors du standard masculin, ceux des femmes et des personnes transgenres [2] ou intersexes [3] , ont poussé notre mouvement d’éducation permanente féministe et progressiste, à traiter et analyser ces enjeux de santé sous la loupe du genre.
Cette campagne d’information et de sensibilisation aborde les stéréotypes de genre et les inégalités sociales au travers de 3 thématiques. Celles-ci illustrent différentes étapes du parcours du soin dans lesquelles se (re)produisent des discriminations ayant un impact particulièrement dramatique pour la santé des femmes :
- la prévention, à travers l’exemple de la dépression,
- la prise en charge, à travers l’exemple des maladies cardio-vasculaires,
- le traitement, à travers l’exemple de la recherche médicale.
Les outils de campagne prennent la forme d’un dépliant-poster décliné en 3 versions différentes selon la thématique spécifique. Ils sont déployés, essentiellement par nos animatrices·teurs, sur le territoire de Bruxelles et de la Wallonie. Lancés symboliquement le 28 mai, journée internationale d’action pour la santé des femmes, les visuels de la campagne sont également diffusés sur notre site internet ainsi que sur les réseaux sociaux.
Quelles sont nos revendications ?
- Interpeller le monde médical et le monde politique à propos des réalités et enjeux que sont les inégalités de genre et de sexe dans le domaine des soins de la santé.
- Rendre effective la prise en compte par les politiques de santé publique du genre et du sexe des personnes dans les résultats positifs et négatifs de leurs politiques. Il est donc primordial de favoriser cette analyse dans les décisions politiques relatives à la santé tout en privilégiant un État social fort (renforcement de la Sécurité sociale et des services publics).
- Encourager des pratiques médicales plus inclusives par la prise en compte des déterminants sociaux de la santé, dont le sexe et le genre, mais aussi selon la race [4], l’orientation sexuelle, le handicap, etc.
De manière globale, vivre au sein d’une société plus égalitaire permet de réduire les problèmes de santé et d’augmenter le bien-être général de la population. Lutter contre les inégalités, c’est lutter pour un meilleur système de soins. Et donc pour une meilleure santé !
Retrouvez tous nos outils de campagne sur notre site internet
[1] Ce terme désigne toutes les personnes qui ne s’identifient pas comme hétérosexuelles : les personnes gay, bisexuelles, trans, queer, intersexes et asexuelles.
[2] Les personnes transgenres ne s’identifient pas ou questionnent le genre qui leur a été assigné à la naissance (par exemple : une personne assignée homme à la naissance qui se définit en tant que femme).
[3] Les personnes intersexes sont nées avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux définitions traditionnelles du sexe féminin ou du sexe masculin.
[4] Nous utilisons le terme « race » pour montrer que la société continue de s’organiser (et discriminer) sur base d’une croyance en l’existence de races différentes entre les individus.