En cette fin d’année, les initiatives solidaires ne manquent pas : repas offerts aux plus démuni-e-s, récoltes de cadeaux pour les enfants vivant dans la précarité, distribution de thermos de café pour les sans-abris, appels à divers dons financiers, etc. Pour beaucoup de personnes, ces fêtes sont l’occasion de prendre soin des autres ou de soutenir concrètement une cause sociale, elles s’investissent et deviennent bénévoles le temps d’une journée ou d’une soirée.

Selon Frank Duval, administrateur de la Fédération des Restos du cœur, cette fin d’année est une période de dons importante : « Les gens sont très mobilisables, beaucoup nous contactent pour être bénévole d’un jour. Le concept du bénévolat d’entreprise fonctionne bien aussi. Cela consiste à passer une journée de team building au sein d’une association en les aidant à effectuer des petits travaux par exemple. »

Du lien social plutôt que la charité

Nous sommes allées à la rencontre de bénévoles régulier-e-s du Resto du cœur de Laeken à Bruxelles. L’autre table est une ASBL membre de la Fédération des Restos du cœur, elle est constituée de cinq bénévoles, seize travailleuses/eurs sous contrat article 60 [1] et quatre employé-e-s. L’autre table n’est pas qu’un restaurant social ; une distribution de colis alimentaires et une brocante gratuite d’objets et de vêtements sont également organisées quotidiennement. Jeannine, ancienne bénéficiaire de colis, est devenue bénévole et vient tous les jours préparer la brocante. Fatiha, elle, s’occupe de la confection des colis avant l’ouverture au public : « Avant, je venais prendre les colis pour ma fille et depuis, je ne suis plus repartie ! Je suis déjà bénévole dans une école tous les jours et puis je viens ici. C’est un vrai travail que je fais de bon cœur car cela me fait plaisir de faire plaisir ! Quand les gens repartent heureux, notre journée est réussie ». Les jours de fêtes, des petites surprises (chocolat, petits jouets, etc.) sont glissées dans les colis et une ambiance particulière règne dans l’entrepôt de distribution. Pour Frank Duval, « le Resto du cœur ne fait pas de la charité ! Nous aidons les gens à rebondir socialement en les accompagnant à un moment de détresse dans leur vie. Ce n’est pas le colis qui est important mais bien tout ce qui va avec, les liens qui se créent et la bonne ambiance ». Au restaurant, des repas festifs sont organisés une fois par mois ainsi que diverses activités. Le Resto du cœur, ce n’est pas seulement donner à manger mais c’est surtout créer un lien social dans un cadre accueillant respectueux de la dignité de chacun-e. Virginie est cheffe de cuisine depuis quelques années : « Le lien social que je retrouve ici me tient à cœur. Je coordonne l’équipe qui est composée de personnes sous contrat article 60, issues du CPAS. Ce travail de réinsertion est très dur, il faut leur donner envie d’être à l’heure et de bosser ! Beaucoup de femmes au foyer qui se séparent et qui n’ont jamais travaillé arrivent ici. Il faut les motiver au quotidien ».

Solidaires toute l’année

L’ASBL L’autre table reçoit des denrées de base provenant de différents donateurs (Fonds européen, Banque alimentaire, surplus des grandes surfaces) mais manque cruellement de certaines marchandises qui coûtent plus cher, comme les produits hygiéniques ou le lait pour bébé. Beaucoup d’associations sans but lucratif ont besoin de dons et de personnes bénévoles. La solidarité ne doit pas se limiter aux périodes de fêtes mais perdurer tout au long de l’année.

[1] Il s’agit d’un contrat de travail conclu entre le bénéficiaire et le CPAS qui est l’employeur. Le but de ce contrat est de permettre d’avoir une première expérience professionnelle et/ou d’ouvrir le droit aux allocations de chômage à la fin du contrat de travail.

Autrice
AutriceStéphanie Jassogne