Le sport, tant au niveau professionnel qu’amateur, est majoritairement pratiqué en non-mixité, c’est-à-dire que femmes et hommes sont séparé·e·s. Pourquoi cette division genrée ? Quelles conséquences peut-elle avoir ? La mixité serait-elle intéressante ? Décryptage.
Pourquoi la non-mixité dans le sport ?
Historiquement, les compétitions sportives se sont construites sur une séparation genrée. En effet, elles étaient, en 1894 lors des premiers Jeux olympiques modernes, exclusivement masculines. Pierre de Coubertin, le créateur de ceux-ci, était en effet particulièrement opposé à la participation de femmes dans des compétitions sportives. Selon lui, « une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte ».
Les femmes étaient pourtant, à l’époque, admises dans certaines disciplines comme le tennis ou encore l’équitation, vus comme des loisirs plutôt que des sports en tant que tels. Il faudra cependant attendre 2007 avant que la présence des femmes ne devienne obligatoire dans chaque discipline.
La division genrée du sport peut également s’expliquer par les nombreux stéréotypes de genre qui l’entourent. En effet, comme expliqué dans le premier article de notre dossier, on considère certains sports comme « masculins » par essence tandis que d’autres seront liés presqu’exclusivement aux femmes. De fait, la force, les corps musclés ou encore l’utilisation d’armes sont des attributs associés aux hommes et vus comme incompatibles avec le fait d’être une femme. D’où la faible présence des femmes dans les disciplines ayant ces caractéristiques.
Enfin, une autre raison de la séparation genrée est d’ordre hormonal. On estime que la testostérone, hormone produite généralement en plus grande quantité par les hommes cisgenres, favorise les performances sportives. Les hommes seraient donc plus forts, plus rapides, et cela désavantagerait les femmes si on les mettait en compétition. Sauf que… c’est plus compliqué que cela.
Les « tests de féminité », une autre façon de contrôler le corps des femmes
Lorsqu’une sportive est jugée « trop » musclée, « trop » performante, son identité de genre peut très rapidement être questionnée. Peuvent alors avoir lieu des « tests de féminité », imposant à la femme de prouver qu’elle est bien une femme, sans quoi elle ne pourrait pas concourir. Ces tests ont varié au cours de l’histoire des compétitions sportives : certificat médical prouvant la féminité, inspection des parties génitales ou encore tests génétiques tels que pratiqués actuellement en cas de doute. Ces tests, peu importe leur forme, sont humiliants et discriminants.
Baser le droit d’une femme à concourir ou non dans une compétition uniquement sur un taux d’hormones dans son sang est, en fait, relativement arbitraire. Plusieurs femmes ayant un taux de testostérone élevé ont ainsi été interdites de concourir dans leur discipline. Pourtant, un taux élevé de testostérone peut apparaitre naturellement, notamment en cas de syndrome des ovaires-polykystiques.
Cette répartition binaire en deux catégories strictes est d’autant plus questionnable dès que l’on s’intéresse à la participation de personnes intersexes et des femmes transgenres dans le monde sportif. Les premières peuvent être obligées à suivre un traitement hormonal afin de diminuer leur taux de testostérone naturellement élevé et les secondes seront automatiquement vues comme avantagées et leur participation injuste pour leurs concurrentes. Plusieurs fédérations sportives leur ont ainsi interdit de participer, comme c’est le cas… aux échecs.
Le sport en mixité, vecteur d’égalité ?
La non-mixité dans le sport se base sur des arguments historiques et biologiques discutables. Le monde sportif est, lui aussi, empreint de stéréotypes de genre menant à de nombreuses discriminations. Pourtant, la mixité dans le sport, notamment dans les disciplines collectives, pourrait permettre de réduire ces discriminations et pourrait permettre d’inclure les femmes et minorités de genre dans des milieux encore trop souvent considérés comme étant l’apanage des hommes.